Le Journal d’un fou, de Nikolaï Gogol, est une œuvre majeure de la littérature russe, écrite sous forme de
nouvelle en 1834, et que l’auteur inclura dans le recueil Les Nouvelles de Saint Pétersbourg.
Nous y découvrons un pan de vie d’un modeste
fonctionnaire de Saint Pétersbourg qui glisse lentement vers
la folie. Sous forme d’un journal, on assiste, jour après jour,
au lent déclin de ses facultés. On y découvre la vie d’un
homme seul, peu intéressant, méprisé par celle qu’il aime
et par la société qui l’entoure et qui s’invente un destin, se
réfugie dans des rêves qui l’envahissent et qui deviennent
des délires. Tout ce qui nous semble clair, il le retourne,
l’analyse, le torture et l’interprète de manière à nourrir ses
fantasmes. Alors qu’il glisse vers la démence, il se révèle à
lui-même et se crée un destin hors du commun, dont nous
ne savons pas si nous devons en rire ou en pleurer.
Dans cette œuvre, Gogol dresse un constat sociologique et se fait le critique d’un système hiérarchisé, fermé, où chacun a une place définie dans la société et dans laquelle il peut difficilement évoluer. Le caractère solitaire et le côté rêveur du personnage, les reproches qu’il subit et le système hermétique de l’administration dans laquelle il travaille provoquent un malaise qui va crescendo jusqu’à ce que la folie s’installe complètement en lui. Il ne peut se satisfaire d’une condition sociale qui le broie, l’empêche d’accéder à celle qu’il aime et en fait une victime de ses supérieurs. Peu à peu, la rancœur, la frustration et le sentiment d’injustice auront raison de sa santé mentale. Sa seule issue semble se situer dans une échappatoire à la réalité, dans des rêves qui prennent de plus en plus d’espace et dans lesquels il plongera en se créant un destin exceptionnel. Dès lors, l’absurde sera son quotidien et Proprichtine, le conseiller titulaire, deviendra le Roi Ferdinand VIII d’Espagne